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Le lait d'ânesse, un lait précieux

On connaît tous la légende de Cléopâtre et de ses bains de lait d'ânesse aux pétales de roses. Aujourd'hui, avec la popularité grandissante des produits bios et naturels, le lait d'ânesse fait un retour en force. D'où vient cet engouement ?

Cléopâtre n'était pas la seule à tirer profit des bienfaits du lait d'ânesse : de tout temps, il était reconnu pour ses nombreuses vertus. Popée, l'épouse de l'empereur Néron, prenait également des bains de ce lait extraordinaire. Chez les Romains, c'était une boisson de luxe. Les Grecs le considéraient comme un remède : Hippocrate le recommandait pour toutes sortes de maux (cicatrisation des plaies, douleurs articulaires, etc.), Buffon le mentionnait dans son Histoire naturelle. Nefertiti en était également adepte, ainsi que, plus tard, Diane de Poitiers. En France, la noblesse et la bourgeoisie l'utilisaient à des fins cosmétiques. François 1er fit venir un médecin de Turquie, car il était en état de fatigue. Ce dernier lui prescrivit une cure de lait d'ânesse qui fut miraculeuse, et ses courtisans l'imitèrent. Il dit :

« Un jour d'une ânesse
Le lait me rendit la santé
Et je dois à cette circonstance
Davantage aux ânes qu'à la faculté.»
(François Ier)

D'autres consommateurs de lait d'ânesse célèbres à travers les âges : Joseph Kessel, Pline l’Ancien, Théo Van Gogh, Louis XIV, la marquise de Pompadour ou encore Pauline Bonaparte...

Au XIXe siècle, la médecine découvrit que le lait d'ânesse était celui qui se approchait le plus du lait maternel (connu lui aussi pour ses vertus pour la peau). Les revues médicales vantaient les effets bénéfiques du lait d'ânesse frais sur des problèmes du système cardiaque, pulmonaire, l'anémie, le foie... Des asineries se développèrent partout en France : Bordeaux, Paris, Lyon... On proposait ce lait à des personnes âgées, malades, ou à des enfants qui ne digéraient pas le lait de vache. Dans les rues des grandes villes, des marchands ambulants, tirant des ânesses, vendaient du lait en criant : « Lait d’ânesse, du bon lait d’ânesse ! ».

En 1877, l’Assistance publique décide d’expérimenter à l’Hospice des Enfants Assistés (Saint-Vincent de Paul), l’allaitement des bébés orphelins par des ânesses. En 1881, une nourricerie est construite par Marie Jules Parrot, médecin-chef à l’Hospice. D'autres hospices ont longtemps entretenu une asinerie pour les orphelins. Les nourrissons étaient nourris directement sous le pis de l'ânesse ! (le trayon convenant parfaitement à la bouche d'un nouveau-né).

Un lait précieux

Contrairement à la vache qui peut produire trente litres de lait par jour, une ânesse n'en produit qu'un litre et demi. La lactation de l'ânesse, comme celle de la femme, dépend uniquement de la succion de son ânon. La capacité de stockage du lait chez l'ânesse est très faible, il faut donc la traire fréquemment pour récolter son lait.

Le lait d'ânesse se caractérise par sa composition riche en protéines, phospholipides, céramides et glucides lui conférant des vertus hydratantes et restructurantes. Il possède une teneur exceptionnelle en vitamines A, B, C et acides gras. C’est un « tenseur » et un régénérant de la peau, qui permet de ralentir son vieillissement.

Voici une liste non exhaustive des vertus du lait d’ânesse :
- stimulation et irrigation de la peau : il contribue à soigner à de nombreux problèmes cutanés et capillaires (sécheresse, eczéma, psoriasis, acné…)
- effet tenseur filmogène
- prévention du vieillissement cutané et protection contre le soleil
- augmentation du renouvellement cellulaire et résistance de la peau
- pouvoir antibactérien bénéfique pour les peaux grasses
- pouvoir hydratant

De par sa richesse exceptionnelle en immonoglobulines, le lait d’ânesse est également conseillé dans le cas d’infections virales et microbiennes. En Belgique, les cures au lait d’ânesse sont pratiquées et reconnues par le Ministère de la Santé.

Pourquoi ce breuvage a-t-il disparu de nos habitudes ?

La mécanisation de l'agriculture (machines, tracteurs) a fait disparaître cet animal de somme (qui pourtant porte le plus de charge par rapport à son poids). Au début du XXe siècle, les laits maternisés en grande production ont réduit petit à petit la production de lait d'ânesse : dans une société privilégiant la productivité, les ânesses ne donnant qu'un 1,5 litre de lait par jour ne sont pas assez rentables.

Aujourd'hui, avec le boom des cosmétiques bios, les produits au lait d'ânesse (savons, produits de bain, crèmes, etc.) reviennent sur le devant de la scène. Si vous voulez vous prendre pour Cléopâtre, il existe un hammam à Boulogne et à Paris qui propose des bains au lait d'ânesse (à partir de 120€)  : ww.hammam-lescentciels.com

Plus économique, vous pouvez faire votre propre bain au lait d'ânesse maison en versant 4 tasses de lait dans un bain chaud, des pétales de roses, et éventuellement de l'huile d'argan agrémentée d'huiles essentielles.

Crédits photos : www.fifi-les-bons-tuyaux.com, Gare aux Papilles !