Back Vous êtes ici : Accueil Lieux de rêve L'Afrique du Sud et la France : l'histoire des Huguenots

Lieux de rêve

L'Afrique du Sud et la France : l'histoire des Huguenots

Saviez-vous que 2013 était l'année de l'Afrique du Sud en France ? La promotion des cultures étrangères s'inscrit dans une politique de soutien à la diversité culturelle. Depuis quelques années, la possibilité est donnée à un pays étranger, invité officiel, de présenter les différentes facettes de sa culture. Après la Russie en 2010, c'est le pays de Nelson Mandela qui était à l'honneur cette année. Une saison culturelle marquée par des échanges et manifestations destinés à promouvoir ce territoire qui gagne à être connu...

Cela n'était ni calculé ni prévu mais mon roman sur l'apartheid, L'enfant de Soweto, est sorti au mois de mars au bon moment pour cette mise en avant de l'Afrique du Sud. :) Et ce ne sera pas le seul clin d’œil que je ferai à ce pays dans ma production littéraire (attention spoiler !). En effet, le tome 3 de ma série Le Couvent de la Reine, qui sortira en 2014, évoquera brièvement l'Afrique du Sud à travers les huguenots du XVIIIe siècle. Mais qui étaient-ils ?

Les Huguenots étaient des Français de confession protestante ayant fui le pays pour échapper à la répression des Protestants (appelées dragonnades) suite à la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV.  De 1688 à 1691, 178 familles firent le voyage sur quatre bateaux. Ils appartenaient pour la plupart à la bourgeoisie : un quart d'entre eux portait un nom à consonance aristocratique.

La Colonie du Cap était alors une escale importante sur la route de Batavia (actuelle Jakarta) pour les bateaux de la Compagnie hollandaise des Indes orientales. Les administrateurs de la Compagnie firent appel aux huguenots pour développer l'agriculture de la colonie afin de ravitailler les navires.

Les conditions d'embarquement étaient sévères : aucun bagage n'était autorisé, le voyage était gratuit, à condition de rester au Cap au moins cinq ans, délai au bout duquel le retour était permis mais payant. Les Huguenots devaient recevoir en arrivant autant de terres qu'ils pourraient en cultiver (dans les faits, environ 15 à 30 hectares). Le voyage avait son lot de dangers : tempêtes, pirates, vaisseaux du roi, maladies... Malgré cela, les quatre navires arrivèrent à bon port.

Les Huguenots furent bien accueillis par le commandeur du Cap, Simon van der Stel, et furent installés à une soixantaine de kilomètres au nord-est du Cap, dans ce qui devait devenir Franschhoek (le « coin des Français »). Ils firent fructifier leurs terres et s'enrichirent au cours du XVIIIe siècle.

Hélas, les relations entre le gouverneur, son fils qui lui succéda, et les huguenots se détériorèrent. La Compagnie voulait que les huguenots soient de « bons paysans hollandais », alors que ces derniers tenaient à conserver leur langue et leurs traditions. La Compagnie finit par interdire aux nouveaux arrivants d'avoir des pasteurs et des instituteurs français. En conséquence, en moins de deux générations, vers 1730, la langue française avait pratiquement disparu.

Aujourd'hui, 20 % des Afrikaners portent des noms français : Du Plessis, de Villiers, du Toit, Theron, Le Clos, Joubert, Malan, Terreblanche, Roux, Leroux, Olivier ou Marais. Certains patronymes se sont mutés en De Klerk pour Leclerc, Pienaar pour Pinard, Viljoen pour Villon, Retief pour Rétif, etc…  Les fermes et domaines viticoles près du Cap ont également conservé leurs noms d'origine, comme La Motte (pour La Motte-d'Aigues), L'Ormarin (pour Lourmarin), La Brie, Picardie, Chamonix... La tradition religieuse s'est maintenue : on dit que si Calvin revenait sur terre, c'est en Afrique du Sud qu'il reviendrait.

Les Huguenots ont également développé la culture de la vigne, faisant de l'Afrique du Sud le neuvième producteur mondial de vin en 2005. A Franschhoek, ils se font appeler "vignerons" plutôt que winemakers.

Malgré leur faible nombre, les Huguenots ont joué un rôle important dans la création de l'ethos afrikaner. Ils se plaisent à souligner l'abondance des noms français dans la politique, la finance, ou encore le rugby. On peut sans trop s'avancer affirmer qu'ils ont fait l'Afrique du Sud.

Si vous avez la chance de visiter un jour l'Afrique du Sud, je vous recommande d'aller au Cap, la mother city du pays, et accessoirement l'une des plus belles villes du monde (élue meilleure destination au monde en 2011)... :) L'héritage des Huguenots y est patent.

Photo 1 : un vignoble à Franschhoek par Fabienne Pompey

Photo 2 : un panneau de signalisation à Franschhoek (source : wikipédia)