Un peu d'Histoire
Le bébé à travers l'Histoire
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- Publié le dimanche 2 octobre 2011 15:37
- Écrit par Admin
De nos jours, il faut bien le dire, les parents sont généralement "gagas" de leur bébé. Mais cela n'a pas toujours été le cas, loin s'en faut.
Jusqu'au XVIIIe siècle, on désigne le nourrisson par le terme "poupard" (au sens de poupée). Le nourrisson n'amuse guère et est associé à l'idée de fragilité et de précarité.
En effet, à cette époque, un enfant sur 4 meurt avant l'âge d'un an. Les causes principales de cette mortalité ? Malformations, accidents de grossesse, accouchements difficiles, mauvaise hygiène des matrones, pansements non stériles, coups de froid pendant les baptêmes, diarrhées, fièvre, typhoïde, dysenterie, entérocolites...
Au Moyen Age, on considère le bébé comme un animal malléable, dont il faut corriger la nature. Son corps est ainsi harnaché, serré dans des langes, car on craint qu'il se déforme s'il n'est pas soutenu.
Jusqu'au début du XVIIIe siècle, les enfants sont considérés comme une charge et un fardeau. Les mères ne sont pas préoccupées par leur embarassant nourrisson, qui, selon elles, les prive de leur liberté. Les plus pauvres doivent travailler, les plus aisées ne veulent pas être fatiguées par leur bébé, renoncer à leurs obligations mondaines, ou voir leur poitrine s'abîmer. Le nourrisson est donc confié à une nourrice qui va l'allaiter.
Chez les plus pauvres, beaucoup d'enfants sont abandonnés.
Ce n'est qu'à partir du XVIIIe siècle qu'un changement de mentalités apparaît. Veiller à la survie du bébé devient un impératif social et économique. Les idées de Jean-Jacques Rousseau (développées dans son Emile), si elles font scandale chez certains, commencent à entrer dans les moeurs. Le bébé est vu comme une créature innocente dont il faut s'occuper et respecter les besoins.
Des parents comme Marie-Antoinette et Louis XVI seront très sensibles à ces idées et les appliqueront. Ils furent d'ailleurs des parents exemplaires, et leur façon de s'occuper et d'éduquer leurs enfants était moderne et novatrice.
Peu à peu, la mère remplace la nourrice, et les parents qui le peuvent préfèrent avoir moins d'enfants pour mieux en prendre soin.
C'est au XIXe siècle que l'enfant devient enfin le centre d'intérêt familial. C'est le début du règne de l'enfant-roi. Il est un objet d'attendrissement. A partir de 1860, les crèches se développent. La révolution de l'hygiène et des idées de Pasteur fait de la mort d'un bébé un véritable drame (ce qui n'était pas le cas durant les siècles précédents).
Il faut attendre la Seconde Guerre Mondiale puis les années 70 et les progrès de la médecine néonatale et de la psychanalyse pour que le bébé acquière enfin son statut d'individu à part entière, que l'on respecte bien avant sa naissance.
Je remercie le bébé qui m'a inspiré cet article. :)
Charles Verlat, Bébé, 1869
Gustav Klimt, Baby (Cradle), 1917-1918
Source : Janine ABECASSIS, "Le Bébé comme sujet : De l'interaction à l'intersubjectivité"