Rois & reines
Le mariage de l'impératrice Sissi
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- Publié le vendredi 29 avril 2011 20:32
- Écrit par Admin
Depuis que j'ai lancé mes nouveaux sites, "Joli PACS" et "Les belles fêtes", je suis à fond dans le thème "réceptions". ;) C'est simple, je pense fêtes matin, midi et soir (pour les besoins des blogs, bien sûr, car je compte les mettre à jour très régulièrement). Et si on parlait mariage ?
On dit que le mariage est censé être le plus beau jour de notre vie. Je ne sais pas d'où ça vient : pourquoi le mariage devrait être le plus beau jour de notre vie ? Comme si se marier était un but en soi... Et puis, quelle pression pour les futurs mariés que ce jour soit le plus beau ! (ce qui explique peut-être pourquoi certains sont prêts à dépenser des sommes folles pour leurs noces...)
Moi, je serais plutôt comme Grace de Monaco, le plus beau jour de ma vie n'a pas été mon mariage (bien qu'il fût très beau), mais la naissance de mon petit monsieur. Mais à l'époque, je ne le savais pas encore. Ce jour, c'était le début de quelque chose, quelque chose qui change la vie, une révolution personnelle. ;)
Bref, revenons à nos moutons reines. Pour l'impératrice Elisabeth de Wittelsbach, que l'on connaît plus communément sous le nom de Sissi, le jour de son mariage fut plutôt un cauchemar.
Sissi épousa le 24 avril 1854 son cousin germain, l'empereur François-Joseph d'Autriche. La cérémonie eut lieu à l'Église des Augustins, à Vienne. Voici comment se déroula cette journée, de bonheur pour François-Joseph, fier et heureux de sa nouvelle épouse, de calvaire pour Sissi, qui n'en supporta pas le protocole. D'ailleurs, quand sa mère lui annonça l'intention de François-Joseph de demander sa main, Sissi soupira : "Si seulement il n'était pas empereur !" Elle n'avait que trop conscience de la vie de devoirs qui l'attendait. Mais on ne refuse pas un empereur, disait sa mère...
Sa première dame d'honneur lui remit un épais cahier intitulé "Très humbles rappels" qui contenait l'ensemble du cérémonial du mariage. Le protocole fixait tout jusqu'au moindre détail. Rien n'était laissé au hasard. Elle devait le connaître avec exactitude.
Le 23 avril, à cinq heures de l'après-midi, eut lieu l'entrée à la Hofburg - la résidence impériale -, dans une voiture d'apparat, tirée par huit palefrois, avec des roues dorées et des panneaux de porte peints par Rubens. La partie supérieure du carosse étant en verre, la population pouvait apercevoir la fiancée en l'ovationnant.
Le lendemain, à 18 heures 30, les cloches sonnèrent pour annoncer l'arrivée du cortège de la mariée à l'église des Augustins. L'empereur, vêtu d'un uniforme blanc de maréchal, était accompagné de son grand chambellan. La fiancée avançait entre sa future belle-mère, l'archiduchesse Sophie et sa mère, la duchesse Ludovika. Sissi portait une robe de soie blanche, brodée d'or et d'argent, avec une ceinture semée de pierreries. Dans son abondante chevelure brillait le diadème que l'archiduchesse Sophie avait porté le jour de ses noces. Une riche parure de brillants et de perles resplendissait à ses bras et à son cou. A côté du diadème, il y avait une couronne de roses.
L'archevêque de Vienne, le cardinal Rausher, célébra la cérémonie de mariage. Lorsque les mariés se donnèrent la main après l'échange des anneaux, une première salve de canons tonna, une deuxième retentit au début du Te Deum, suivie d'une troisième salve d'honneur lorsque le couple quitta l'église pour se rendre à la Hofburg. Là, de longues et épuisantes félicitations attendait la jeune mariée. Les dignitaire de la cour, de l'armée, les membres de la haute aristocratie et tous ceux qui avait l'honneur de présenter leurs voeux défilèrent selon l'ordre du protocole, tandis qu'Elisabeth, assis sur son trône, leur tendait la main à baiser. Elle traversa l'événement dans une sorte d'état de transe, toujours attentive à vaincre sa timidité. Elle n'était ni fière, ni heureuse. Tout ce cérémonial lui était affreusement pénible et c'est seulement à grand-peine qu'elle réussit à ne pas fondre en larmes. Tard dans la soirée eu lieu le dîner qui, par bonheur, était réservé à la famille.
Ce jour ne fut hélas que le début d'une vie de souffrance. Sissi ne supporta jamais la vie de cour et passa son temps à fuir Vienne, par d'incessants voyages. Ses enfants lui furent retirés et confiés à sa belle-mère, ce qui fut une blessure intolérable pour elle. Des années plus tard, elle perdit son fils qui mourut dans de mystérieuses circonstances.
On ne sait pas si Sissi aima son mari, lui en tout cas était fou d'elle, de la première fois où il la vit (et la choisit au détriment de son aînée Hélène qui lui était initialement promise) à sa mort tragique. Ce qui est sûr, c'est que le mariage était pour l'impératrice une véritable prison, qu'elle regretta toute sa vie. Dans les poèmes qu'elle écrivait, elle regrettait la perte de sa liberté. C'était une reine anti-conformiste et rebelle, qui n'était peut-être pas faite pour le rôle d'impératrice. Figure perpétuellement mélancolique, elle n'avait rien de la jeune fille enjouée incarnée par Romy Schneider... La Sissimania du grand public est basée sur une image fausse de la reine de Hongrie.
Pour voir d'autres représentations du mariage de Sissi, c'est ici.
Crédits photo, dans l'ordre : Noblesses & royautés, elisabethdautriche.fr