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L'exécution de Marie-Antoinette : une mort héroïque

Aujourd'hui, je voudrais vous parler de l'exécution de la reine Marie-Antoinette. La scène se passe le 16 octobre 1793, en fin de matinée. Marie-Antoinette a été condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire. Elle est conduite à l'échafaud dans une simple carriole. Elle est très affaiblie. Les rues qui vont de la Conciergerie où elle était détenue à la place de la Révolution - actuelle place de la Concorde - où se dresse la guillotine, sont noires de monde. Tous sont venus voir le passage de la reine condamnée : sur la rue Saint-Honoré, sur le pont au change...

Robespierre tient à ce que tout soit parfait pour cette exécution qui doit être spectaculaire. Il a fait disposer 30000 hommes de troupe le long du trajet pour éviter tout problème. Il s'est également adjoint les services d'un comédien, Guillaume-Antoine Nourry, dit Grammont, pour exciter la foule au passage de la condamnée. Il espère un déferlement de haine. Ce trajet de plus d'une heure doit être l'occasion d'une dernière humiliation pour l'ancienne souveraine.

Habillé en garde national, monté sur un cheval noir, le comédien se donne du mal pour remplir son rôle : il fait de grands moulinets avec son sabre, roule des yeux terribles, et couvre la reine d'injures odieuses : "Elle est foutue ! La voilà, la garce, la salope !". Malheureusement pour Robespierrre, Grammont fait un flop. Son jeu tombe à plat. Le peuple qui s'attendait à voir un monstre n'aperçoit qu'une dame aux yeux rougis, aux cheveux blancs et au teint blême. Les passants s'émeuvent de cette femme. Loin de la huer comme l'acteur, ils poussent des soupirs, se signent, tombent à genoux, envoient des baisers. Aucune insulte ne fuse, le silence est total. Les marques de respect que craignait Robespierre se multiplient.

Lorsque Marie-Antoinette sort de la carriole, elle se précipite sur le plateau, et tombe sur le pied du bourreau, Sanson. Elle s’excuse de sa maladresse en lui disant : « Monsieur, je m’excuse, je ne l’ai pas fait exprès ». Ce sont ses dernières paroles. Elle restera digne jusqu'au bout.

Marie-Antoinette meurt en héroïne et sa mort frappe tant l'imagination populaire que son culte est toujours vivace plus de deux siècles plus tard.

Quant au mauvais acteur, il sera arrêté le 13 mars 1794 dans l'affaire dite de la "conspiration des prisons". Le 13 avril, à 13h15, sa tête tombe à son tour. Il tire son ultime révérence sur l'échafaud.

Source : Le Coiffeur de Marie-Antoinette et autres oubliés de l'Histoire