Gastronomie
Maille : vinaigre et moutarde haut-de-gamme depuis 1747
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- Publié le mercredi 2 octobre 2013 10:11
- Écrit par Admin
J'évoquais la semaine dernière l'histoire de la moutarde. Découvrons aujourd'hui la saga Maille, marque de moutarde multiséculaire qui peut se targuer d'avoir un passé royal...
Tout commence en 1720, la ville de Marseille est alors frappée par la grande peste. Antoine-Claude Maille invente le « vinaigre des quatre voleurs » dont la chronique rapporte que ses "propriétés antiseptiques sauvèrent la vie à de nombreux habitants qui, par son emploi, parvinrent à éviter la contagion". Mais c'est à son fils, Antoine-Claude Maille, que la maison Maille doit sa réputation. Reçu maître-vinaigrier le 17 octobre 1742, il vend des vinaigres de toilette dans le magasin de son père. En 1747, il ouvre sa boutique, rue Saint-André-des-Arts, à Paris. On y trouve pas moins de deux cents vinaigres et autant de moutarde, ce qui le distingue de ses concurrents. Il crée des vinaigres de toilette pour les cheveux, les boutons, la voix, les vapeurs, les bains... : vinaigre de vénus, de virginité, macis, à la Dauphine, à la ravigotte, etc. Ils sont destinés à être des produits de beauté pour la noblesse.
Maille se démarque également en faisant la promotion de ses produits dans les journaux, comme le Mercure de France, très lu au XVIIIe siècle. Très vite, la qualité de ses produits lui vaut les honneurs. "D’une industrie fit un art” disait de lui un de ses contemporains. On le considèrera comme le plus grand moutardier et vinaigrier de tous les temps. Il devient Vinaigrier-distillateur de leurs Majestés Impériales d’Autriche et de Hongrie en 1760, puis du roi de France Louis XV en 1769, et fournisseur officiel de l'impératrice Catherine II de Russie en 1771. Parmi ses illustres clients, il y a la marquise de Pompadour.
Pour lutter contre la contrefaçon, toutes les bouteilles et pots de la maison Maille sont revêtus d'une étiquette, au milieu de laquelle sont gravées les armes du Roi, et de chaque côté celles de l'Empereur et de l'Impératrice Reine de Hongrie et de l'Impératrice Catherine II de Russie. Le célèbre gastronome, Grimod de la Reynière, donne à Maille le titre de "premier homme de moutarde de l'Europe".
Le conte de fées se poursuit au XIXe siècle. En 1826, la maison Maille (devenue Maille-Robillard) reçoit un titre supplémentaire : vinaigrier du roi Charles X. En 1830, Maille Robillard devient fournisseur de Sa Majesté le Roi d' Angleterre et, en 1836, vinaigrier du roi Louis-Philippe.
La marque remporte de nombreuses médailles lors des Expositions Universelles (médailles d'argent à Paris en 1867, 1878 et 1889, Amsterdam en 1883, Anvers en 1885).
Au XXe siècle, avec la guerre, le temps des cours royales est révolu. La marque est relancée à partir de 1930. De cette époque date le célèbre slogan « Il n’y a que Maille qui m’aille ». La redécouverte des documents authentifiant le titre de « vinaigrier du Roy et des cours royales européennes » permet de faire figurer le blason sur les étiquettes.
Dans les années 50, la marque quitte le ghetto des épiciers parisiens en faisant son entrée dans les grandes surfaces avec le cornichon, un cornichon doux et croquant grâce à la technique de pasteurisation que Maille est alors seule à maîtriser. Maille retrouve également son métier de vinaigrier. Les tours de main d'Antoine Maille, consignés dans son cahier de recettes, sont encore aujourd'hui une base d'inspiration des recettes de la marque. Afin d’obtenir des grands crus, Maille laissait vieillir ses vinaigres pendant plus d’un an dans des fûts de chêne.
En 1982, la marque s’invite sur le petit écran. En 2000, Maille (et Amora) rejoignent le groupe Unilever. Maille est aujourd’hui présente dans plus de 50 pays. Synonyme d’excellence, elle poursuit son positionnement haut de gamme. Elle souhaite devenir l’une des plus belles marques internationales de l’épicerie fine.
Sources : maille.com, prodimarques.com, unileverfoodsolutions.fr
Crédits photos : maille.com, prodimarques.com