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Un peu d'Histoire

Les couvents de jeunes filles au XVIIIe siècle

Comme son nom l'indique, ma série "Le Couvent de la reine" se déroule en partie dans un couvent de jeunes filles nobles, à Versailles. Je vais donc vous parler un peu plus de ces institutions, qui avaient pour mission d'éduquer les filles.

Au XVIIIe siècle, l'instruction des filles de bonne famille (noblesse et bourgeoisie) se faisait en majorité dans les couvents. L'objectif n'était pas d'en faire des femmes savantes mais de bonnes épouses et de bonnes mères. Les connaissances et le savoir qu'on leur inculque sont donc sommaires et réduits au minimum...

La sélection des élèves

Les couvents n'intègrent pas n'importe qui dans leurs rangs. Plus l'établissement est prestigieux, plus la sélection est rude. Les critères de sélection sont la santé de la postulante, la richesse et le prestige de sa famille. La fourchette des frais de scolarité varie de 100 à 1000 livres par an : dans les couvents pour filles de plus basse extraction comme celui de Sainte-Anne, les élèves dorment dans des dortoirs, tandis que dans un couvent plus prestigieux comme l'Abbaye de Panthemont, elles ont leur propre chambre et même des domestiques. 

Certains établissements accueillent aussi bien des riches que des pauvres, mais dans ce cas, on veille à ne pas les mélanger. Leurs emplois du temps respectifs font qu'elles ne se croisent jamais, afin d'éviter les jalousies et tensions.

L'uniforme

Dans la plupart des couvents, un uniforme est imposé. Sa coupe et sa couleur varie selon l'institution. Le seul mot d'ordre est qu'il doit couvrir toutes les parties du corps.
La coquetterie est condamnée. Les miroirs sont généralement interdits et les élèves sont tenues de s'habiller et se déshabiller le plus vite possible, dans le noir, afin d'éviter toute indécence.

L'enseignement

On tente d'inculquer aux jeunes filles l’obéissance, l'humilité, la soumission et la crainte de l'autorité.

L’éducation religieuse prenait le pas sur toutes les autres matières. On considère que les filles "portent le mal". On a peur de trop les instruire car on pense que la lecture de romans enflamme leur imagination, que les sciences font naître la curiosité et que les arts parlent directement aux sens. Contrairement aux garçons, leur instruction était limitée aux connaissances les plus élémentaires (écriture, lecture, orthographe, calcul). On leur apprend à écrire dans un style élégant et clair, à établir des comptes. Elles reçoivent également des leçons de politesse, de maintien, de bonnes manières, de couture et de travaux ménagers. Certains couvents plus prestigieux offraient un programme plus large (latin, poésie, histoire, géographie).

L'étude du chant choral faisait partie des activités importantes. Les élèves les plus douées apprenaient à jouer de l'orgue ou de la harpe.

La discipline

Les règlements des couvents sont stricts. Les élèves n'ont ni le droit de se toucher ni d'avoir aucune familiarité entre elles, ni de courir. L'hygiène corporelle est limitée afin d'éviter tout contact avec le corps. Le courrier qu'elles reçoivent est contrôlé.

Deux fois par semaine avait lieu le "Chapitre des Coulpes" : les élèves défilaient devant la mère supérieure, et les sœurs "zélatrices" dénonçaient les fautes commises. Les filles ne pouvaient ni répondre ni s'expliquer. Les punitions avaient pour but de les humilier. Voici des exemples de châtiments reçus en fonction de la faute :

- 1ère coulpe : négligence ou maladresse comme se tromper en chantant, arriver en retard au réfectoire, casser un objet, faire du bruit... Punitions légères comme la récitation de prières.

- 2ème coulpe : distraction pendant les offices, commencer à manger sans dire le Bénédicité, s'absenter d'une activité ou d'une leçon sans raisons... Punition : prières, prosternations et coups.

- 3ème coulpe : Fautes graves comme le manque de discipline, envoyer et recevoir des lettres en secret... Punition : jeûne au pain et à l'eau, coups plus nombreux et plus douloureux.

- 4ème coulpe : fautes très graves comme frapper quelqu'un, désobéir à un supérieur, blasphémer, atteindre à la chasteté, s'enfuir du couvent... Punition : manger par terre au réfectoire, demeurer prostrée à la porte de la chapelle pendant les offices, rester enfermée dans la "cellule" du couvent (une petite pièce dont c'était l'usage) et nombreux coups.

Activités annexes

L'éducation des jeunes filles n'était pas toujours l'unique activité des couvents. Ces derniers pouvaient louer des chambres à des femmes qui souhaitaient, ou devaient, se retirer à l'écart du monde. Ainsi les orphelines, les célibataires, les veuves y trouvaient une liberté qu'elles n'auraient pas eue en restant sous la tutelle de leur famille. Les religieuses vendaient également des produits fabriqués sur place : napperons, confitures, produits alimentaires, médicaments...

Des lieux d'intrigues

Des personnages de haut rang (y compris le roi) se rendaient parfois dans ces couvents. Certains parce qu'ils y avaient un pied-à-terre en tant que fondateurs ou soutiens de l'établissement, ou parce qu'ils faisaient partie de la famille royale. Leur présence pouvait déclencher des intrigues sentimentales ou politiques.
Si j'ai choisi le Couvent de la reine comme toile de fond pour mon intrigue, c'est parce que ce cadre permet des aventures "mouvementées" en lien avec la cour, la famille royale ou le château de Versailles. :)

Le Couvent de la reine est devenu l'actuel lycée Hoche, qui est l'un des plus prestigieux lycées de France (classé 7e meilleur lycée en 2013).

Crédit photo : Des saisons en Nouvelle-France