Life and Style
L'histoire du pique-nique
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- Publié le lundi 23 mai 2011 09:29
- Écrit par Admin
Les beaux jours sont là, c'est le moment de sortir nappes et paniers pour déjeuner sur l'herbe ! Mais quelle est l'histoire de cette pratique ?
Dès l'Antiquité, on pratiquait l'art de déjeuner sur l'herbe. Manger sur le pouce était lié à la vie à la campagne. Ainsi, Virgile décrit les repas des bergers dans ses Bucoliques. Les pâtres déjeunaient de petits riens au milieu de leur troupeau.
L'étymologie du mot "pique-nique" viendrait d'ailleurs de "piquer" (c'est-à-dire picorer) des niques (un terme datant du XIIIème siècle, signifiant "chose de peu de valeur").
Au Moyen Age, on mange souvent à l'extérieur, sans table : dans les champs chez les paysans, mais aussi chez les nobles à la chasse ou en voyage.
A cette époque, et jusqu'au XVIIIe siècle, la table est un élément mobile : "mettre la table" signifie au sens littéral du terme, installer et dresser une table. On dresse une planche sur des tréteaux dans la pièce où on se trouve. Les "salles à manger", telles qu'on les conçoit, n'existent pas.
Mais c'est véritablement à partir du XVIIe siècle que la pratique du déjeuner sur l'herbe se répand. Et, comme beaucoup de nos arts de vivre, c'est l'aristocratie qui le popularise. Le pique-nique est défini alors comme "un repas où chacun apporte son écot", selon l'écrivain Gilles Ménage.
Le retour à la nature, prôné par Jean-Jacques Rousseau au XVIIIe siècle, achève de donner ses lettres de noblesse au déjeuner sur l'herbe.
Le déjeuner sur l'herbe, Monet, 1865-1866
Le XIXe siècle sera l'âge d'or du pique-nique. Les pique-niques révolutionnaires et républicains permettent au peuple de profiter des splendides jardins royaux. Le pique-nique est célébré dans la littérature (Stendhal, Zola, Maupassant) et la peinture, où il donne lieu à des chefs-d'oeuvre (Manet, Monet...). C'est l'époque où l'on découvre les nuisances de la vie urbaine et de l'industrialisation. Le déjeuner sur l'herbe permet de renouer avec les plaisirs bucoliques. Les thèmes chers aux Impressionnistes sont d'ailleurs une des manifestations artistiques de ce rejet.
(note de l'auteur : ces dames devaient être bien motivées pour vouloir pique-niquer dans l'herbe avec ces grandes robes...)
Aujourd'hui, le pique-nique est plus que jamais tendance. Il ne se cantonne plus à un repas simple, à la bonne franquette, mais est devenu un véritable art de vivre. Il peut se décliner, selon l'occasion, en pique-nique gastronomique, de luxe, bio, écolo... ou encore prendre des airs de garden-party.
Le restaurant du Crillon propose même son pique-nique chic, une bonne occasion pour s'offrir un déjeuner dans un 5 étoiles, à un prix accessible (je n'ai pas dit abordable^^). Au programme :
- une formule "Chic" : saumon froid en Bellevue et sauce verte, volaille fermière en ballotine, chaud froid de homard et macédoine de légumes, oeuf en gelée trufée et mouillette, foie gras de canard confit en sandwich, et charlotte aux fraises et rhubarbe
- une formule "Choc" : thon et savora en sushi, sardine et Vache qui Rit, oeuf mimosa avec saucisson et radis, granité de gaspacho et avocat, volaille au four avec Boursin, et Petit Lu Nutella-framboise.
Pas d'assiettes en plastique, mais des couverts en argent, et de la vaisselle Bernardaud. Le tout concocté par un certain Jean-François Piège.
Le Déjeuner sur l'herbe, Manet, 1862-1863
Le déjeuner sur l'herbe (d'après Edouard Manet), Picasso, 1960